J’ai assisté dernièrement à la présentation très captivante
qu’a faite Michèle Sornin d'une nouvelle approche de la création d’entreprise :
l’effectuation.
En préambule, j’aimerais préciser que l’effectuation n’est pas
un ixième concept alambiqué élaboré par des penseurs new age. :>D Il s’agit d’une manière différente de percevoir
l’entrepreneur et l’énonciation de principes de bons sens à l’attention de ceux
qui sont tentés par la création d’entreprise.
Laissons les mythes au placard !
Depuis des décennies, le créateur d’entreprise dans la
représentation collective est perçu comme quelqu’un de fonceur, visionnaire, à
l’imagination débordante, courageux et stratège de haut niveau. Un individu aux
compétences multiples, situé largement
au-dessus de la moyenne. Celui qui dont les idées géniales nous laissent
pantois, à nous dire « Quel cerveau incroyable ! Pourquoi ne suis-je
pas aussi bien équipé en la matière ? ».
Partant de sa longue expérience de terrain, Michelle nous a expliqué
en quoi cette image du chef d’entreprise fait partie de notre mythologie contemporaine*
et qu’il n’est pas nécessaire de
correspondre à ces critères fantasmatiques et restrictifs pour se lancer et faire vivre sainement une entreprise.
La réussite qui nous épate est très souvent le résultat d’un
long processus parsemé de nombreux tâtonnements et échecs.
Selon l’approche de l’effectuation, pour entreprendre d’une
façon judicieuse, il est important donc,
d’avoir intégré des principes pragmatiques.
Entreprendre avec ce que l’on est
- On ne se lance pas dans les affaires parce qu’on a déniché
une super idée qui a fait florès à l’autre bout du monde et que l’on va
dupliquer.
On se lance en mobilisant ses propres talents, passions et compétences,
en faisant participer son entourage (c’est déjà en soi, une bonne façon de
tester certaines des compétences de l’entrepreneur…la capacité de présenter son
projet et de faire adhérer à ses idées).
Evaluer ce que l'on accepte de perdre
- On mesure les enjeux de manière sage, en se disant, bon, si
je me casse ma figure après avoir investi dans un site marchand à 70.000 E qui
au final risque de faire flop, vais-je être ébranlé pendant plusieurs mois ou
bien vais-je pouvoir expérimenter rapidement d’autres voies ?
On ne se lance pas en se mettant d’emblée une pression folle après avoir investi toutes ses économies…ou celles de mamie ou bien après avoir mobilisé un temps considérable de développement, tests en tous genres…
On ne se lance pas en se mettant d’emblée une pression folle après avoir investi toutes ses économies…ou celles de mamie ou bien après avoir mobilisé un temps considérable de développement, tests en tous genres…
Rester ouvert aux opportunités
- On reste ouvert aux évènements et à ceux dont la démarche pourrait
très bien s’imbriquer à la nôtre, la transcender pour en faire une réussite de
groupe. La réussite individuelle dans les affaires est rare…ça n’est pas pour
rien si l’on a inventé l’entité « entreprise », n’est-ce pas !
Mettre son énergie là où il faut !
- L’approche « business plan super bien ficelé »
et « étude de marché bétonnée » a pris un peu de plomb dans l’aile et
rassure de moins en moins car le monde bouge très vite. L’étude de marché qui
prend 6 mois de travail et beaucoup d’énergie à ses auteurs peut être frappée d’obsolescence
au moment même où ces derniers tentent de s’appuyer dessus pour obtenir des
financements. Le business plan reste toutefois
très utile, soyons clairs, auprès de certains financeurs, quand il est étayé
par une expérience de terrain positive.
Ce que nous disent les partisans de l’effectuation, c’est
que tous ces efforts très rationalistes mobilisent beaucoup d’énergie
mentale, ralentissent le processus et font souvent entrer le doute dans le projet.
Rien ne vaut donc de se mettre en route !
Apprendre le métier d’entrepreneur !
Je rajouterais, partant de ma propre expérience, que si la
création d’une activité commerciale nécessite de posséder des compétences dans son domaine professionnel, de vibrer ardemment pour ce que l’on fait, elle suppose
également de posséder toute une palette de talents et de savoir-faire en
matière de gestion et négociation commerciale. Toutes ces choses subtiles que l’on apprend de manière empirique et que l'on peaufine éventuellement avec des professionnels
aguerris. L'intérêt de ces derniers résidant justement, dans leur faculté à cerner rapidement les problématiques de terrains et leur capacité d'aider l’entrepreneur à déployer ses propres solutions.
Lors de nos nombreux échanges en matière informatique et commerciale,
j’ai pu constater à quel point Michelle Sornin possède une connaissance
profonde et éclairée des rouages de l’entreprise. Cette culture de terrain, elle la met
au service de ceux qui, dans leur projet d’entreprise, souhaitent se doter des
bons outils, des bons réflexes et des bons questionnements.
Michelle Sornin : Accès Info Communication :
Spécialiste de l’entrepreneuriat.
Mythologie contemporaine * : pour ceux que cela intéresse :
lire le célèbre ouvrage « Mythologies » de Rolland Barthes à qui l’on
rend hommage en ce moment.